En tant qu’opérateur de drone professionnel, vous cherchez constamment à repousser les limites de vos opérations. Survoler des zones peuplées, opérer hors vue (BVLOS), ou utiliser des drones plus lourds sont autant de missions à forte valeur ajoutée. Cependant, ces opérations sortent du cadre de la catégorie “Ouverte” et nécessitent une autorisation spécifique. C’est ici qu’intervient la méthodologie SORA (Specific Operations Risk Assessment). Complexe mais incontournable, le SORA est la clé pour accéder aux scénarios de vol les plus exigeants en toute légalité et sécurité. Dans ce guide complet, nous allons démystifier le processus et vous donner les étapes clés pour monter un dossier solide auprès de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC). Dossier complet SORA En stockAjouter au panier Pré-étude SORA 600,00 € TTC En stockAjouter au panier SORA : De Quoi Parle-t-on ? Le SORA est une méthodologie d’analyse de risques standardisée à l’échelle européenne (développée par l’EASA) qui permet d’évaluer et de mitiger les risques liés à une opération de drone dans la catégorie “Spécifique”. L’objectif est de démontrer aux autorités que vous avez identifié tous les dangers potentiels (au sol et en l’air) et mis en place des mesures de sécurité robustes pour garantir la sécurité des tiers et des autres aéronefs. En bref, une autorisation SORA est nécessaire dès que votre mission ne rentre pas dans les clous de la catégorie “Ouverte” ou des Scénarios Standards européens (STS). Cela inclut typiquement : Le vol hors-vue (BVLOS). Le survol de zones peuplées ou de rassemblements de personnes. L’utilisation d’un drone de plus de 25 kg ou de plus de 3 mètres d’envergure. Le transport de marchandises dangereuses. La Méthodologie SORA Détaillée en 7 Étapes Clés Monter un dossier SORA est un processus rigoureux. Il ne s’agit pas simplement de remplir un formulaire, mais de mener une analyse de risque approfondie. Voici les étapes fondamentales à suivre. Étape 1 : Décrire le Concept d’Opération (ConOps) Le ConOps est la pierre angulaire de votre dossier. C’est un document qui décrit avec une précision absolue qui vous êtes, ce que vous allez faire, où, comment et avec quel matériel. Il doit être si clair qu’une personne externe à votre entreprise puisse comprendre parfaitement l’opération envisagée. Votre ConOps doit inclure : La nature de l’opération (inspection, photogrammétrie, etc.). Les caractéristiques techniques complètes du drone et de sa station de contrôle. Le profil du vol : trajectoires, altitudes maximales, zones de décollage/atterrissage, et zones de sécurité. L’environnement opérationnel : survol de zone urbaine, rurale, industrielle, proximité d’aéroports, etc. Les compétences et la formation de vos télépilotes. Les procédures normales et d’urgence (perte de liaison, panne moteur, etc.). Les procédures de maintenance de votre équipement. Soyez méticuleux : un ConOps flou ou incomplet est le premier motif de rejet d’un dossier. Étape 2 : Déterminer le Risque au Sol Intrinsèque (GRC) Il s’agit d’évaluer le risque qu’un drone hors de contrôle représente pour les personnes au sol. Le Ground Risk Class (GRC) est déterminé en fonction de deux facteurs principaux : L’énergie cinétique maximale de votre drone (liée à sa masse et sa vitesse). Le type de zone survolée : rurale, résidentielle, commerciale, industrielle. L’EASA fournit un tableau pour déterminer votre GRC initial, qui va de 1 (risque très faible) à 10 (risque très élevé). Étape 3 : Appliquer les Mesures de Mitigation du Risque au Sol Une fois le GRC initial identifié, vous devez mettre en place des mesures pour le réduire à un niveau acceptable. Ces mesures (appelées M1, M2, M3) sont cruciales : M1 – Mitigations stratégiques : Ce sont des procédures visant à réduire le nombre de personnes potentiellement survolées (ex: opérer la nuit, définir un périmètre de sécurité contrôlé). M2 – Effets de confinement : Ce sont les mesures qui garantissent que le drone restera dans la zone d’opération même en cas de panne (ex: parachute balistique, vol captif). M3 – Procédures d’urgence : Un plan d’action clair et testé pour faire face à une situation critique. L’application efficace de ces mesures permet de réduire votre GRC initial pour obtenir un GRC final. Étape 4 : Déterminer le Risque en l’Air (ARC) L’Air Risk Class (ARC) évalue le risque de collision avec un aéronef habité. Il est déterminé en fonction de la classe de l’espace aérien dans lequel vous opérez (contrôlé, non contrôlé, proximité d’aérodromes, etc.). L’ARC va de ‘a’ (très faible risque) à ‘d’ (risque élevé). Des mesures de mitigation, comme l’utilisation d’un transpondeur ou des procédures de “voir et éviter”, peuvent être nécessaires pour les niveaux d’ARC les plus élevés. Étape 5 : Obtenir votre Niveau de Criticité : le SAIL Le SAIL (Specific Assurance and Integrity Level) est le résultat final de votre analyse de risque. Il est déterminé en croisant votre GRC final et votre ARC. Le SAIL est un indice allant de I à VI qui représente le niveau de robustesse global requis pour votre opération. Plus le SAIL est élevé, plus les exigences de sécurité de l’EASA seront strictes. Un SAIL I correspond à une opération à très faible risque, tandis qu’un SAIL VI s’apparente aux exigences de l’aviation habitée. Étape 6 : Satisfaire les Objectifs de Sécurité (OSO) À chaque niveau de SAIL correspond une liste d’Objectifs de Sécurité Opérationnels (OSO) définis par l’EASA. Ces objectifs couvrent tous les aspects de votre organisation : Fiabilité technique de l’aéronef. Compétence et formation des équipes. Qualité des manuels d’opération et de maintenance. Robustesse de la liaison de commande et de contrôle. Interface Homme-Machine (ergonomie de la station de contrôle). Vous devez prouver, point par point, que vous respectez chacun des OSO applicables à votre niveau de SAIL. Étape 7 : Compiler le Dossier et la Demande d’Autorisation La dernière étape consiste à rassembler toutes vos analyses, preuves, manuels et documents dans un dossier de sécurité cohérent. Ce dossier, accompagné de votre ConOps, constitue le cœur de votre demande d’exploitation que vous soumettrez à la DGAC. Comment Déposer votre Dossier SORA en France ? Une fois votre analyse de risque et votre documentation prêtes, le dépôt de la demande se fait principalement via le portail AlphaTango. Préparez vos documents : Vous devrez fournir le Manuel d’Exploitation (MANEX) qui inclut votre analyse de risque SORA, le ConOps, les manuels d’utilisation et de maintenance du drone, ainsi que les attestations de formation de vos télépilotes. Remplissez le formulaire de demande : Sur AlphaTango, vous déclarerez votre activité et soumettrez votre demande d’autorisation d’exploitation. La DGAC a mis en ligne un guide spécifique pour vous accompagner. Phase d’instruction : La DSAC (Direction de la Sécurité de l’Aviation Civile), le bras technique de la DGAC, instruira votre dossier. Cette phase peut prendre plusieurs mois et implique souvent des échanges et des demandes de compléments d’information. Soyez réactif et précis dans vos réponses. Obtention de l’autorisation : Si votre dossier est validé, vous recevrez une autorisation d’exploitation qui détaillera les conditions et les limites de vos opérations. Nos Conseils pour une Demande Réussie Anticipez ! Le processus SORA est long. Commencez vos démarches au moins 6 mois avant la date de début de l’opération envisagée. Soyez rigoureux et honnête dans votre analyse. N’essayez pas de minimiser les risques. Montrez plutôt que vous les avez identifiés et que vous les maîtrisez. Documentez tout. Chaque affirmation doit être étayée par une preuve, une procédure écrite ou une donnée technique. N’hésitez pas à vous faire accompagner. Si l’opération est très complexe (BVLOS en zone urbaine, par exemple), l’aide d’un consultant spécialisé peut être un investissement très rentable pour éviter les allers-retours avec l’administration. Le SORA est plus qu’une simple formalité administrative ; c’est une démarche qui structure et professionnalise votre activité. En maîtrisant cette méthode, vous ne faites pas qu’obtenir une autorisation : vous renforcez votre culture de la sécurité et vous vous donnez les moyens de réaliser les missions de demain.